Image: Les Essentiels d'ARVALIS - Prairies
Vous envisagez de semer une prairie ? Vous êtes au bon endroit ! Dans cet article, vous découvrirez les secrets pour réussir l'implantation d'une prairie. Que vous soyez un agriculteur expérimenté ou un amateur passionné de jardinage, ces conseils vous seront d'une grande utilité.
Bien choisir sa période de semis
Les périodes les plus favorables pour le semis d'une prairie doivent cumuler deux critères essentiels. D'une part, le sol doit être suffisamment humide, et d'autre part, la température doit être douce. Ces conditions favorisent une levée rapide et homogène des semences ainsi qu'un développement harmonieux des jeunes plantules. Les périodes propices se situent généralement en fin d'été et au printemps. Il est également crucial que les espèces soient bien implantées pour résister aux stress climatiques. Les graminées doivent avoir atteint le stade de 4 à 5 feuilles, et les légumineuses le stade de 2 à 3 feuilles trifoliées, avant l'apparition de stress hydrique pour les semis de printemps ou avant les premiers gels pour les semis de fin d'été.
Tableau 1 : Intérêts et limites des différentes périodes de semis d'une prairie
Tableau 1 : Intérêts et limites des différentes périodes de semis d'une prairie
Par exemple, pour un semis en fin d'été, il est recommandé de semer au plus tard aux dates indiquées dans le tableau ci-dessus. Au-delà de ces dates, le rendement du premier cycle sera réduit et le risque de gel précoce sera accru. Il est également important de noter que si les pluies tardent à revenir, l'implantation de prairies multiespèces sous couvert de méteils peut être une alternative intéressante. Dans ce cas, il est préférable de récolter la première coupe tôt en ensilage afin de favoriser l'accès à la lumière pour la prairie.
Cartes : Dates maximales à ne pas dépasser pour des semis de fin d'été
Cartes : Dates maximales à ne pas dépasser pour des semis de fin d'été
Préparer son sol : labour ou non labour ?
La préparation du sol est un élément crucial pour réussir l'implantation d'une prairie. Le choix entre labour et non labour dépend de plusieurs facteurs. Dans le cas d'un apport de matière organique avant le semis, comme du fumier ou du compost, ou si la quantité de résidus végétaux à enfouir est importante, le labour est à privilégier. De plus, si le sol est tassé après la récolte du précédent, un labour ou un passage de décompacteur sont recommandés. Le labour présente également l'avantage de remplacer un désherbage chimique pour la destruction du couvert en place. Cependant, il peut conduire à un déficit de portance au cours de la première année d'exploitation. Il peut également favoriser le salissement par la remontée en surface de graines d'adventices. Dans le cas d'un semis de fin d'été, le labour doit être réalisé rapidement après la moisson pour profiter de la fraîcheur résiduelle du sol.
Le semis sans labour avec travail superficiel est une autre option. Il permet l'implantation de prairies sur des parcelles difficilement labourables, comme les sols superficiels ou avec la présence de cailloux. Cette technique préserve la structure du sol et maintient sa portance. La préparation superficielle du sol peut se faire avec un déchaumeur à disques ou à dents, ou avec un outil animé. Ces opérations permettent de préparer une structure de surface favorable tout en détruisant les repousses du précédent et les adventices (effet faux-semis). Enfin, le semis direct est plus adapté pour les espèces à implantation rapide, comme le ray-grass (RGI, RGH). Cependant, en présence de repousses de céréales ou d'adventices, un désherbage chimique préalable est nécessaire, ainsi qu'un semoir spécial pour le semis.
Réaliser un lit de semence fin et bien émietté
Pour assurer une implantation réussie, il est essentiel de réaliser un sol fin en surface, avec des mottes de moins de 2 cm, bien nivelé et suffisamment rappuyé en profondeur. Pour cela, il est recommandé de rouler avant le semis, notamment en cas de labour, et après le semis à l'aide d'un rouleau type cultipacker. Cela favorise le contact optimal entre la terre et les graines. Toutefois, il convient de noter que l'utilisation d'un rouleau lisse peut favoriser la formation d'une croûte de battance, surtout sur les sols limoneux. Un sol bien rappuyé et sans discontinuité marquée favorisera le développement racinaire des jeunes plantules, permettant ainsi une croissance rapide de la prairie. Il est donc important de faire attention à l'enfouissement des résidus végétaux, aux zones compactes en fond de couche arable ou aux zones creuses en fond de labour. Un enracinement dense et profond permet une meilleure valorisation de l'eau et des éléments minéraux du sol, et la prairie résistera mieux à la sécheresse.
Adapter la densité de semis à l'objectif de levées
La densité de semis est un élément clé pour obtenir un peuplement adéquat dès la levée. Il est recommandé d'assurer un peuplement d'environ 250 à 300 plantes par m2 pour les bromes et les ray-grass et de 500 plantes par m2 pour les autres espèces. Les doses de semis indiquées dans le tableau ci-dessous tiennent compte d'un taux de perte à la levée pouvant aller jusqu'à 50 % pour les plus petites graines.
Tableau 2 : Doses de semis recommandées (kg/ha) pour différentes espèces prairiales en pures ou associées à des légumineuses
Tableau 2 : Doses de semis recommandées (kg/ha) pour différentes espèces prairiales en pures ou associées à des légumineuses
Dans le cas d'associations et de mélanges pour prairies multi-espèces, la dose maximale de semis ne doit pas dépasser 30 kg/ha afin de permettre à chaque variété de s'exprimer, à l'exception des mélanges contenant du brome dont les graines sont plus grosses.
Semer dans le premier centimètre
Les semences fourragères sont généralement de très petite taille. Elles contiennent donc une faible réserve et s'épuisent si elles sont semées trop profondément. Il est donc impératif de placer la graine dans le premier centimètre du sol pour assurer une germination optimale.
Tableau 3 : % de graines levées en fonction de la profondeur de semis
Tableau 3 : % de graines levées en fonction de la profondeur de semis (source : INRA)
Soigner la qualité de la répartition
Pour limiter les zones de sol nu, favorisant ainsi le développement des adventices, il est essentiel de veiller à une répartition uniforme des graines sur l'ensemble de la parcelle. Le semis à la volée avec un semoir à céréales dont les descentes ont été relevées donne de bons résultats, la herse du semoir suffit à enfouir superficiellement les graines. Cependant, l'utilisation d'un semoir centrifuge à engrais est déconseillée car la répartition et la densité du semis sont difficiles à maîtriser. Le semis en ligne est une autre option, à condition de disposer d'un semoir à faible écartement (8 à 12 cm maximum) ou de réaliser un semis croisé en deux passages, notamment pour les mélanges d'espèces. Quel que soit le semoir utilisé, il est indispensable de passer un rouleau cultipacker juste après le semis.
Semer une prairie demande un investissement conséquent, tant en termes de temps que d'argent. Il est donc essentiel de mettre en œuvre toutes les bonnes pratiques pour garantir une implantation réussie. De plus, la conduite durant la première année est primordiale pour assurer la productivité et la pérennité de la prairie. Soyez attentif au désherbage chimique précoce si nécessaire, surveillez les limaces, évitez le surpâturage, et anticipez la première fauche pour gérer le salissement. Ces bonnes pratiques de gestion des surfaces en herbe vous permettront de favoriser la productivité et la qualité de votre prairie.
N'oubliez pas que chaque étape compte dans l'implantation d'une prairie réussie. Suivez ces conseils et observez votre prairie s'épanouir, offrant une belle couverture végétale pour le plaisir de tous.
