La rappeuse Keny Arkana, à Marseille, le 16 mars 2021. PHOT’OLIVE
C'est un retour tant attendu. À l'été 2020, le rappeur Jul avait créé la surprise en invitant Keny Arkana sur sa compilation 13'Organisé, qui réunit plusieurs artistes marseillais. Keny Arkana, alors disparue des radars, était la seule femme parmi cinquante rappeurs. Lors de ce couplet, elle a retrouvé la verve de ses 20 ans, celle de ses morceaux emblématiques comme "J'viens de l'incendie", "J'me barre" ou "Eh connard", récit de son adolescence dans les foyers où elle avait été placée dès ses 11 ans.
Depuis 2017, Keny Arkana annonçait la publication de son ultime album, intitulé L'Exode, mais rien ne venait. Elle s'était réfugiée dans son quartier à Marseille, entre Noailles et le cours Julien, enregistrait sa musique chez elle, quand elle a reçu l'appel de Jul. Pour ne plus faire attendre son public, le 9 juillet 2021, elle a enfin publié douze nouveaux morceaux, toujours aussi contestataires et dans une lignée très rap.
Ce nouvel album, intitulé "Avant l'Exode", est une sorte de prélude à l'album tant attendu, "L'Exode", qui sera "plus coloré, plus tango, plus flamenco, plus chanson". Lors d'un entretien à Paris, Keny Arkana confie : "Quand Jul a donné le tracklisting de sa compilation sur ses réseaux en juin 2021, j'ai été surprise de la réaction des gens. Je ne savais pas qu'il y en avait autant qui m'attendaient et qui pensaient même que j'avais arrêté la musique, alors que j'étais en train d'enregistrer plein de morceaux." L'artiste explique également qu'elle ne voulait pas sortir son album "L'Exode" car il ne correspondait pas vraiment à sa vie actuelle : "Ça fait deux ans que je suis confinée dans mon quartier. J'ai plus bougé durant le reste de ma vie que durant ces deux dernières années."
Mal à l'aise avec la notoriété
Originaire d'Argentine, Keny Arkana, âgée de 38 ans, arbore un foulard attaché sur le front tel un pirate. Elle a déjà parcouru l'Amérique latine, quelques ZAD (zones à défendre) européennes et des lieux autogérés en France et en Afrique. "Se barrer", comme elle le dit, a toujours été son mode de survie lorsque son environnement ou la célébrité devenaient étouffants. Elle le rappe d'ailleurs dans son morceau "Parole vraie", extrait de l'album : "Ils comprennent pas que j'aie fui les projecteurs, qu'à la gloire j'ai préféré le secteur."
"La notoriété, ce n'est pas quelque chose qui me met à l'aise", souligne-t-elle. Ses débuts, à l'ère d'Internet et des téléphones portables équipés d'appareils photo, n'ont pas été faciles. "Après chaque disque, je faisais un burn-out et, donc, je me barrais en mode : 'C'est bon, la musique, j'arrête.' Je faisais autre chose pendant un ou deux ans, puis je continuais à écrire des chansons, et je revenais toujours. J'ai vraiment une carrière en dents de scie."
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