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Académie de la Chanson

CEO Hạnh David
La nuit je mens, une chanson emblématique d'Alain Bashung, un artiste qui n'a jamais cessé de nous envoûter avec ses textes énigmatiques et son univers singulier. Cette oeuvre puissante transporte les auditeurs dans un voyage...

Académie de la Chanson La nuit je mens, une chanson emblématique d'Alain Bashung, un artiste qui n'a jamais cessé de nous envoûter avec ses textes énigmatiques et son univers singulier. Cette oeuvre puissante transporte les auditeurs dans un voyage étrange et mystérieux. Mais attention, cet article est destiné aux connaisseurs, car sa compréhension nécessite une analyse approfondie.

Les paroles de "La nuit je mens"

Couplet 1

On m’a vu dans le Vercors
Sauter à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
J’ai fait la cour à des murènes
J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort
T’étais pas née
À la station balnéaire
Tu t’es pas fait prier
J’étais gant de crin, geyser
Pour un peu je trempais
Histoire d’eau

Refrain

La nuit je mens
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains
J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho

Couplet 2

J‘ai fait la saison
Dans cette boîte crânienne
Tes pensées
Je les faisais miennes
T’accaparer seulement t’accaparer
D’estrade en estrade
J’ai fait danser tant de malentendus
Des kilomètres de vie en rose
Un jour au cirque
Un autre à chercher à te plaire
Dresseur de loulous
Dynamiteur d’aqueducs

Refrain

La nuit je mens
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains
J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho

Couplet 3

On m’a vu dans le Vercors
Sauter à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
J’ai fait la cour à des murènes
J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort
T’étais pas née

Refrain

La nuit je mens
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains
J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho

Carte d’identité DE LA CHANSON

  • Titre: La nuit je mens (1998)
  • Auteurs: Alain Bashung et Jean Fauque
  • Compositeurs: Alain Bashung, Edith Fambuena, Jean-Louis Piérot
  • Interprète: Alain Bashung

Pour voir le clip, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=0MYN8mAEKUo

L’origine de la chanson : le Vercors

Dans son enfance, Alain Bashung a été marqué par un livre de "Vercors", alias Jean Bruller, illustrateur, écrivain et Résistant. Ce livre a nourri en lui le sentiment d'être lui-même une sorte de Résistant, et l'a amené à se poser la question cruciale : "Comment me serais-je comporté sous l'occupation ? Héros de l'ombre ou collabo ? Civil le jour, faisant sauter des trains la nuit ?"

Dans ce contexte de fin de siècle, la société française fait un examen de conscience, notamment sur la période de l'occupation. Des règlements de compte entre faux résistants et vrais collabos ont lieu. C'est dans cette ambiance que s'inscrit "La nuit je mens".

Au travail !

Pour décrypter cette chanson unique et envoûtante, nous vous proposons deux lectures successives, sous deux angles différents. La première sera analytique, et la seconde sera structurelle.

Prêt à vous retrousser les manches ? C'est parti !

Les paroles en détail : l'analyse systématique

  • On m’a vu dans le Vercors : Bashung plante le décor en faisant référence au Vercors, lieu hautement symbolique de la résistance.
  • Sauter à l’élastique : dès le début, les choses se compliquent. Ce saut dans le vide avec un élastique évoque le courage feint, mais aussi l'idée de "sauter sur tout ce qui bouge".
  • Voleur d’amphores : les amphores font penser au vagin et leur vol à l'infidélité. Le mot "sauter" ayant également le sens de "voler".
  • Au fond des criques : cette référence fait allusion à une falaise du Vercors appelée "La crique". Elle évoque la discrétion des exploits de Bashung, sur fond de connotation sexuelle.
  • J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort : une référence à l'amour et la mort, et l'aveu de Bashung de ne pas avoir assumé ses conquêtes féminines.
  • T’étais pas née : cela signifie que tout cela s'est déroulé avant sa rencontre avec sa compagne.

Ce ne sont que quelques exemples parmi les multiples sens cachés dans les paroles de cette chanson.

Seconde relecture des paroles : la structure générale

Une fois les nombreux sens cachés dévoilés, tout s'éclaire. La chanson est construite de manière chronologique, déroulant l'histoire amoureuse de Bashung.

Couplet 1 : La vie avant la rencontre avec sa compagne
Couplet 2 : La relation qui commence à lui échapper
Couplet 3 : Une évocation du passé perdu

Les refrains soulignent le côté sombre de la relation, avec des non-dits et des destinations cachées.

La recette de la chanson : double sens et double fil

Une chanson à double sens, tout comme un casse-tête chinois, n'a pas nécessairement vocation à être comprise par tous. La magie opère même si l'on ne comprend rien, et le sens se révèle petit à petit au fil des écoutes. C'est ce qui fait son charme et sa beauté.

Si vous souhaitez composer une chanson à double sens, choisissez deux thèmes connus de votre public cible et mêlez-les de manière subtile. Laissez les mots vous guider dans la construction de votre histoire.

Côté musique

La voix d'Alain Bashung, incantatoire plus que chantée, repose sur des accords simples et irrésolus. Les arrangements et l'orchestration contribuent à créer une atmosphère énigmatique et inquiétante. La batterie brute et puissante évoque un train qui part dans la nuit, tandis que les cordes rappellent la Résistance.

A vous de jouer

Si vous êtes prêt à relever le défi, vous pouvez tenter de créer une chanson à double fil. Mêlez deux thèmes qui vous inspirent et construisez votre histoire en fonction des mots que vous avez trouvés. N'oubliez pas que votre texte doit être compréhensible par une part importante de votre public cible.

N'hésitez pas à partager vos impressions, questions et créations dans les commentaires. Vive la chanson !

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