Pétition adressée à Emmanuel Macron (Président de la République)
L'importance de cette pétition
Le Président de la République a décidé, de manière unilatérale et sans prendre en compte le code du patrimoine ni l'importance de la cathédrale Notre-Dame de Paris, de remplacer les vitraux de six chapelles sur sept du bas-côté sud par des créations contemporaines, suite à l'organisation d'un concours.
Les vitraux de Notre-Dame conçus par Viollet-le-Duc formaient un ensemble cohérent. Il s'agit d'une véritable création que l'architecte a voulu fidèle à l'origine gothique de la cathédrale. En plus des vitraux historiés du déambulatoire, du chœur et du transept, on trouve dans les chapelles de la nef des verrières purement décoratives en grisaille. Il y a ici une recherche d'unité architecturale et de hiérarchisation de l'espace qui fait partie intégrante de son œuvre et que les travaux avaient pour but de retrouver. D'ailleurs, le chantier en cours a intégré le nettoyage et la consolidation de l'ensemble de ces vitraux.
Peu après l'incendie, des menaces avaient pesé sur eux, bien que rappelons-le, ils n'ont pas été touchés ni même détériorés par l'incendie, et sont classés monument historique au même titre que l'ensemble du monument. Cependant, le Ministère de la Culture avait été très clair par la voix de la ministre de l'époque : il n'était pas question d'y toucher. C'est pour cette raison que l'hypothèse de leur remplacement n'a jamais été examinée par la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture, l'instance chargée de conseiller le ministre pour les travaux importants sur les monuments historiques. Viollet-le-Duc est une figure majeure de l'art français, reconnue par de nombreuses publications et expositions, dont celle organisée en 2015 à la Cité de l'architecture et du patrimoine.
Pourtant, lors de sa visite à Notre-Dame le vendredi 8 décembre 2023, en même temps qu'il annonçait la création d'un musée de l'Œuvre dans l'Hôtel-Dieu, Emmanuel Macron a déclaré que les vitraux de six des sept chapelles du bas-côté sud seraient retirés et remplacés par des vitraux contemporains qui feraient l'objet d'un concours. Dans le but de désamorcer les contestations, dont il savait qu'elles seraient nombreuses, le Président de la République a ajouté que ces vitraux seraient exposés dans le musée, ce qui est absurde. Car ces verrières, qui ont délibérément des compositions purement décoratives avec des motifs géométriques, n'ont d'intérêt qu'in situ, en tant qu'éléments à part entière de l'architecture. Hors de leur contexte, elles ne prendraient aucun sens et occuperaient, sans bénéfice réel pour le public, une place prépondérante dans les salles de l'Hôtel-Dieu, empêchant ainsi l'exposition d'autres œuvres. Si ces vitraux devaient être remplacés, ils finiraient certainement dans des caisses, car les exposer dans le musée doublerait en réalité le scandale de leur retrait.
Quel serait l'intérêt de restaurer la cathédrale dans son dernier état historique connu, celui de Viollet-le-Duc, pour ensuite priver l'édifice d'un élément essentiel voulu par l'architecte ? Comment peut-on justifier la restauration de vitraux qui ont survécu à la catastrophe pour ensuite les retirer immédiatement ? Qui a donné mandat au chef de l'État d'altérer une cathédrale qui ne lui appartient pas, mais à tous ? Les vitraux contemporains ont toute leur place dans l'architecture ancienne lorsque les originaux ont disparu. Ils ne sont pas destinés à remplacer des œuvres déjà existantes.
Emmanuel Macron souhaite inscrire la marque du XXIe siècle sur Notre-Dame de Paris. Peut-être un peu de modestie serait-il préférable. Nous ne serons pas cruels au point de rappeler que cette marque existe déjà : l'incendie. Un incendie certes accidentel, mais pour lequel il a été largement démontré que l'État, avant et pendant sa présidence, porte une lourde responsabilité. La renaissance de la cathédrale a été rendue possible grâce à une vaste mobilisation nationale et internationale, grâce aux contributions de milliers de donateurs qui souhaitaient la restaurer dans son état historique. Pense-t-on vraiment qu'ils accepteront que cette restauration soit altérée par la volonté d'Emmanuel Macron de laisser sa marque ?
Les signataires de cette pétition demandent donc que le choix initial du ministère de la Culture de conserver les vitraux conçus par Viollet-le-Duc dans la cathédrale soit respecté, et que la décision du président de la République de remplacer les vitraux de six des sept chapelles du bas-côté sud par des vitraux contemporains soit abandonnée.
Cette pétition est lancée par La Tribune de l'Art.
L'association Sites & Monuments est le premier signataire, par l'intermédiaire de son président, Julien Lacaze. Mise à jour du 11 décembre 2023 : L'association SOS Paris soutient également cette pétition.
Signez la pétition maintenant pour préserver l'histoire et l'intégrité de Notre-Dame de Paris.
