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Manuscrits de 1844 : Une critique de l'aliénation sociale par Karl Marx

CEO Hạnh David
Numérisation d'une page des Manuscrits économico-philosophiques de 1844 de Karl Marx Les Manuscrits de 1844 (ou Manuscrits économico-philosophiques de 1844 ou encore Manuscrits de Paris) sont l'un des textes les plus célèbres de Karl Marx....

Numérisation d'une page des Manuscrits économico-philosophiques de 1844 de Karl Marx Numérisation d'une page des Manuscrits économico-philosophiques de 1844 de Karl Marx

Les Manuscrits de 1844 (ou Manuscrits économico-philosophiques de 1844 ou encore Manuscrits de Paris) sont l'un des textes les plus célèbres de Karl Marx. Écrits lors de son séjour à Paris en 1844, ces Manuscrits abordent des thèmes qui sont depuis devenus des problèmes classiques de la philosophie, tels que celui de l'aliénation. Marx y propose également une nouvelle forme de critique de l'économie politique.

Une réflexion historique

Les Manuscrits ont été rédigés par Karl Marx pour sa propre réflexion personnelle et non dans l'intention d'être publiés. Ils témoignent de la pensée de Marx telle qu'elle était en 1844. Ces manuscrits sont en réalité un condensé de sa pensée, puisqu'ils proviennent de différents supports.

La postérité de ces manuscrits, qui est considérable, a contribué à ancrer les questionnements sur l'aliénation sociale par le travail dans les idées occidentales.

Des thèmes profonds

L'homme comme marchandise

Le capital vide l'ouvrier de son humanité. L'ouvrier devient une marchandise vivante, dont la seule utilité réside dans sa capacité à travailler. Ainsi, l'ouvrier produit le capital, qui à son tour le produit en tant qu'ouvrier et en tant que marchandise. Cette condition conduit à une situation où l'ouvrier a des besoins, mais dès qu'il cesse de travailler, il perd ses intérêts et sa propre existence.

Le travail de l'homme est source de richesse, mais pas de sa propre richesse. Le travail de l'homme est subordonné à la somme des intérêts, au total des profits. L'ouvrier devient ainsi un mercenaire au service d'un maître d'industrie.

Le processus de production conduit à l'aliénation pour le travailleur. Le travail lui-même, dans les conditions actuelles, est nuisible et destructeur. Paradoxalement, plus l'ouvrier produit de richesses, plus il devient pauvre et se déprécie. En produisant, l'homme produit également l'ouvrier en tant que marchandise, ce qui entraîne un assèchement de l'humanité de l'être. L'aliénation de l'homme qui produit est liée à ce qu'il produit, ce qui appauvrit son être et sa relation avec les autres.

Le capitalisme et l'accumulation du capital

Le capital, en tant que travail accumulé, est le pouvoir de gouverner le travail et ses produits. Le capitaliste est celui qui possède le capital et le dirige. Le capitalisme ne dépend pas des qualités personnelles ou humaines du capitaliste, mais simplement du fait qu'il est celui qui le possède.

Marx distingue le capital fixe du capital circulant. Le capital circulant est détruit au cours de la production d'un bien.

L'accumulation du capital permet l'enrichissement de la société, c'est-à-dire la croissance. Elle est possible lorsque beaucoup de travail est accumulé, car le capital est du travail accumulé. L'accumulation est favorisée par la division du travail, qui fait de l'ouvrier un travailleur de plus en plus dépendant.

L'impact démographique sur l'économie

Marx aborde également la question de la démographie économique en reprenant les notions de l'économie politique. Selon lui, la demande de travail régule la production des hommes, tout comme elle régule celle de n'importe quelle autre marchandise. Ainsi, lorsque le chômage augmente, le prix du travail est réduit. Cette situation n'est favorable à l'ouvrier que lorsque la croissance permet à la demande de travail de dépasser l'offre de travail, car c'est là que la concurrence entre les capitalistes intervient.

Cependant, plusieurs mécanismes atténuent l'effet positif pour les travailleurs. Par cupidité, les travailleurs augmentent leur temps de travail, ce qui réduit leur espérance de vie. De plus, les travailleurs voient leur niveau de vie stagner ou diminuer en raison de la concurrence accrue entre eux et des machines. Les grands capitalistes ruinent les petits, ce qui conduit à une compression des salaires chez les anciens capitalistes.

Les conditions de vie et le salaire

Marx souligne les différences fondamentales dans l'existence des travailleurs et des capitalistes. Là où l'ouvrier et le capitaliste souffrent tous deux, l'ouvrier souffre dans son existence, tandis que le capitaliste souffre dans le profit de son veau d'or inerte. L'ouvrier doit non seulement lutter pour ses moyens de subsistance physiques, mais aussi pour trouver du travail.

Même en période de croissance économique, l'ouvrier voit son niveau de vie stagner ou diminuer. La division du travail exacerbe la concurrence entre les ouvriers, mais aussi avec les machines. Lorsque les grands capitalistes ruinent les petits, ces derniers se retrouvent à subir une nouvelle compression des salaires.

Ainsi, même si une société paraît prospère lorsqu'une grande partie de ses membres souffre, et que cette prospérité est permise par l'économie politique, on peut affirmer que le malheur de la société est le but de l'économie politique.

Le salaire et la propriété

Le salaire de subsistance est le taux minimum et le seul nécessaire pour que l'ouvrier puisse nourrir une famille et que la race des ouvriers ne s'éteigne pas. Selon Marx, le salaire de subsistance correspond au plus bas niveau compatible avec une existence humaine. Le salaire est déterminé par la lutte ouverte entre le capitaliste et l'ouvrier, car les intérêts des deux classes sont adverses dans la répartition de la richesse.

Même lorsque le capitaliste fait des profits, l'ouvrier peut en souffrir. En outre, les prix du travail sont beaucoup plus constants que les prix des moyens de subsistance, ce qui signifie que lorsque l'inflation augmente, le salaire, qui est fixe, est automatiquement réduit.

Les forces de marché et la propriété privée

Marx examine de près les forces de marché dans un système économique. Comme Smith, il constate que la concurrence permet de faire baisser les prix, tandis que les situations monopolistiques permettent aux capitalistes d'augmenter les prix. Ainsi, l'intérêt des capitalistes est souvent opposé à celui de la société.

Marx voit également une opposition irréductible entre le grand capital et le petit capital. Le grand capital accumule plus rapidement que le petit, et celui-ci est le premier à en souffrir du fait de la concurrence accrue. Le grand capital achète toujours à meilleur prix que le petit, car il achète en plus grandes quantités, ce qui lui permet de bénéficier d'économies d'échelle.

La propriété privée et le communisme

La propriété privée est l'expression positive d'un vol. Elle abolit progressivement ce qui auparavant était à tous. Elle est l'expression concrète de la vie humaine aliénée et de son aliénation sensible.

Le communisme représente le dépassement positif de la propriété privée. Il est l'appropriation de la vie humaine, la négation de la propriété bourgeoise. La société communiste est une communauté du travail où règne l'égalité des salaires, payés par le capital collectif. Le capital et le travail perdurent, mais en tant qu'universalité et puissance reconnue de la communauté.

Le matérialisme et le communisme

Le communisme doit avoir une base scientifique basée sur le matérialisme de Ludwig Feuerbach. L'émancipation et la reconquête humaine sont nécessaires pour le développement historique futur. Le communisme est la forme nécessaire et le principe énergique du proche avenir, sans être en soi le but ultime de l'évolution humaine.

Conclusion

Les Manuscrits de 1844 sont une critique profonde de l'aliénation sociale et de l'économie politique. Marx y examine de manière analytique les fondements du capitalisme, l'impact sur les travailleurs, les conditions de vie et les perspectives de changement vers un modèle plus égalitaire de société. Ces écrits ont marqué l'histoire de la pensée philosophique et économique et continuent d'influencer les débats contemporains sur les inégalités et le système économique global.

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