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Andromaque: Une Tragédie Épique et Déchirante

CEO Hạnh David
Oreste et Pylade (détail) - d'après un original du Ier siècle avant J.-C. Andromaque, une pièce tragique en cinq actes et en vers écrite par Racine en 1667, est un chef-d'œuvre qui continue de captiver...

Oreste et Pylade Oreste et Pylade (détail) - d'après un original du Ier siècle avant J.-C.

Andromaque, une pièce tragique en cinq actes et en vers écrite par Racine en 1667, est un chef-d'œuvre qui continue de captiver les lecteurs et les spectateurs aujourd'hui. L'histoire se déroule autour de Pyrrhus, amoureux d'Andromaque, qui est à son tour passionnément aimé par Hermione, tandis qu'Oreste, lui, aime Hermione en vain. Mais lorsque Andromaque épouse Pyrrhus, Hermione demande à Oreste de prouver son amour en assassinant Pyrrhus. Consumée par le remords après avoir commis cet acte atroce, Hermione se suicide. La scène 5 de l'acte 5 d'Andromaque, qui marque la fin de la pièce, est un dénouement tragique qui laisse une empreinte indélébile dans nos esprits.

La Fuite Inévitable

Il n'y a pas d'issue pour nos protagonistes. Le combat est inégal, le sacrifice inutile. Pylade, un roi et conseiller, tente de sauver son ami Oreste en lui proposant une solution de dernier recours. Au début de l'acte 1, scène 1, Pylade était là pour accueillir Oreste, et à la fin de l'acte 5, scène 5, il est là pour le sauver. Cette réapparition des mêmes personnages confirme le statut d'épilogue et boucle la boucle. Le dramaturge Ramène ces personnages sur scène pour annoncer la fin inéluctable.

C'est leur dernier espoir. Les dangers sont nombreux : "tout le peuple assemblé" (vers 4) est une périphrase destinée à impressionner, leur position sociale a changé ("nous comme ennemis", vers 6), et ils ont encore des alliés mais cela ne durera pas ("nos Grecs pour un moment...", vers 3). Il est urgent de fuir. Les indices temporels sont nombreux ("pour un moment", vers 3 ; "n'attendons pas", vers 11 ; "Hermione tient encore le peuple autour d'elle", vers 13 ; "Amis, le temps nous presse", vers 66). Le délai est dû au spectacle du suicide d'Hermione. Le peuple hostile les traquera bientôt.

La Mort Omniprésente

La mort est omniprésente dans ce passage. On la retrouve dans les deux récits successifs de Pylade à Oreste. Le premier récit, qui joue ici le rôle de narrateur et de confident, dévoile au spectateur ainsi qu'à son ami ce qui s'est déroulé hors scène. Ainsi, la bienséance est respectée : pas d'action violente, pas de sang sur scène. Il ne faut pas choquer. La mort est également présente dans la crainte d'être assassiné. Par un euphémisme (vers 2), Pylade évoque le risque de mort, "n'en sortir jamais". Il ne doit pas montrer de lâcheté, mais il a peur. Le champ lexical de la violence montre qu'il ne s'agit pas seulement d'une simple arrestation et d'un jugement qui attend ces régicides. Ils mourront si le peuple ou les soldats les attrapent.

La violence s'applique également à soi-même, lorsque la souffrance devient trop grande. Hermione (vers 32) se frappe et tombe, tandis qu'Oreste, dans un geste de démence, veut s'arracher le cœur et l'offrir à celle qui lui a fait tant de mal (vers 65). Le champ lexical de la mort est constant, du début à la fin du texte. "Trépas", "poignard", "épaisse nuit"... Tous ces termes évoquent une vision apocalyptique emplie d'horreur et de désespoir.

La Folie qui Consumme

La logique de Pylade contraste avec l'irrationalité et le désespoir d'Oreste, qui souhaite la mort, hurle des imprécations aux dieux et provoque la mort. C'est sa punition, mais pour quelle faute ? Son tort est d'être "follement" amoureux. Au début de la scène, il présente un comportement courageux et suicidaire, déclarant : "J'ai fait le crime et je vais l'expier" (vers 17). Cependant, il n'est pas celui qui a directement tué Pyrrhus. Ce sont ses hommes. Il a avoué n'avoir pas eu le courage de le faire lui-même.

Apprenant la mort d'Hermione, il garde un instant de lucidité, lançant des imprécations au ciel qui semble s'acharner sur lui et ironisant sur son sort. Mais il parle déjà de lui au passé, déclarant : "J'étais né pour servir d'exemple à ta colère" (vers 38). Hermione est morte, il n'a plus d'avenir et pense même davantage au suicide : "Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie / L'un et l'autre en mourant je les veux regarder" (vers 42).

Il n'aura pas l'occasion d'accomplir cet acte qui le rendrait responsable. Les dieux peuvent aller plus loin dans leur punition et le rendre fou. Dans une vision sanglante, il est poursuivi par les "regards affreux" d'Hermione (vers 56), par les serpents et les démons qui la suivent (vers 57) et par les "Filles d'enfer" (vers 59), les Furies ou Erynies, qui tirent derrière elles un véhicule destiné à l'emporter pour toujours sur le fleuve des Enfers.

La fatalité dispose ainsi de l'individu. Oreste sait qu'il n'est qu'un jouet entre les mains des dieux. Il accepte son rôle, exprimant son ironie par des paroles telles que "je te loue, ô Ciel" (vers 34) ou "je meurs content et mon sort est rempli" (vers 40). Il est le "modèle accompli" du malheur, mais il se dit peut-être qu'il l'a mérité. Il souffre tant qu'il ne ressent plus les coups. Cette folie est certainement une façon brutale et involontaire d'échapper à sa douleur.

Les manifestations de la folie d'Oreste sont nombreuses. Ses sens sont brouillés, il voit Pyrrhus en face de Pylade (vers 50) et le frappe enfin. Son élocution se trouble, hésitant et bégayant dans son récit. Oreste délire à haute voix, partageant ses visions irréalistes. Il se laisse emporter par cette folie qui l'affecte. Les impératifs à la fin montrent qu'il ne sait plus ce qu'il veut et qu'il est devenu une victime, plus acteur de sa propre vie. Il parle même de lui à la troisième personne (vers 62).

La synecdoque qui conclut sa tirade, "Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer", indique qu'Hermione fait désormais partie des Furies, ces divinités qui poursuivent les assassins. Son comportement, déjà agité, devient violent. "Tiens, tiens" fait presque partie des didascalies, et les derniers mots de Pylade, parlant de son ami à la troisième personne, montrent qu'Oreste s'est évanoui et qu'il faut rapidement s'occuper de lui.

Conclusion: Un Choc Tragique et Cathartique

Andromaque remplit parfaitement sa fonction cathartique, provoquant chez le spectateur l'horreur et la compassion pour le purifier de ses mauvais penchants. Cet épilogue contient le récit d'un meurtre, la description d'un corps ensanglanté, le récit précis d'un suicide, la vision d'un personnage maudissant les dieux et perdant la raison. La scène de théâtre devient le lieu extrême où se mêlent passion et folie, gloire et mort.

La tragédie Andromaque, loin d'être une simple histoire d'amour et de vengeance, nous confronte à la cruauté du destin et à la fragilité de l'âme humaine. Oreste, devenu fou, est relégué au rang de déchet et évacué de la scène par ses camarades consternés. Alors que nous pouvions nous identifier à lui jusqu'à présent, sa tragique déchéance nous projette brutalement dans l'horreur de sa situation. Quelle tragédie, quelle horreur !

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